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4 septembre 2018

L’open source, la voie royale ?

Discuter avec Nicolas Perriault est, on peut le dire, rafraîchissant.

Plein d’anecdotes, d’opinions nuancées mais justes, c’est un vrai plaisir de divaguer pendant des heures avec lui en sautant d’un sujet à l’autre tout en digressant sur l’avenir de l’informatique, et parfois même en allant jusqu’à la politique.

Développeur de la 1ère heure, arrivé au code de manière atypique, il a eu l’occasion de travailler pour Mozilla pendant 4 ans et de créer un projet open source populaire, CasperJS.

Voici son portrait découpé en 3 parties : une présentation de Nicolas, son parcours et comment il en est arrivé à l’open source. Une 2ème partie sur son expérience décevante chez Mozilla et sur la genèse de son projet. Et enfin une 3ème partie sur la réalité des contraintes du modèle open source.

Sa formation

Nicolas a 41 ans. Il a découvert l’informatique petit, auprès de son père, au tout début de l’ère de l’informatique personnelle.

À la maison, il y a toujours un ordinateur à portée de main, une vraie source de bricolage qui lui a donné le goût de comprendre son fonctionnement mais également quelques compétences d’alors, comme le BASIC.

Pourtant à l’adolescence c’est vers un autre horizon qu’il se dirige, la musique.

Toute sa grande adolescence s’éloigne de l’informatique traditionnelle pour se rapprocher de la programmation orientée vers la musique, ce qui l’amènera à suivre des études de musicologie après le BAC puis une licence musique avec MAO (musique assistée par ordinateur).

Il aura ensuite l’occasion de se mettre au HTML dans le cadre de sa formation pour les besoins d’un site Internet servant à publier des résultats de recherche de l’IRCAM, l’Institut de Recherche en Electro-Acoustique, à qui il a décidé de donner de son temps.

Nous sommes en 1995, aux balbutiements de la page web.

A la fin de sa licence et malgré la possibilité de faire une maîtrise, trop théorique selon lui, Nicolas décide rapidement se confronter au monde professionnel, même s’il a conscience que les débouchés sont maigres.

C’est donc un peu par hasard qu’il finit par composer des musiques originales de dessins animés ou par réaliser des habillages sonores pour la chaîne qui monte à l’époque, la Cinquième.

L’entrée dans le monde professionnel

Le travail y est fun mais tout ce qui se présente principalement comme avenir pour lui dans cette voie c’est la réalisation de jingles de pub, ce qu’il trouve sinistre.

À la même période l’explosion des 1ère startups ne le laisse pas indifférent, et, y voyant l’opportunité de changer de voie rapidement, il intègre une startup spécialisée dans l’édition de partitions en ligne, net4music.

Période oblige, en 98-99, la startup se fait racheter par Yahoo qui conserve seulement une partie de l’équipe technique.

Il se rabat alors sur des petits contrats dans plusieurs startups, majoritairement pour faire de l’intégration HTML et du PHP, et finit même par travailler dans un département de recherche en sociologie du CNRS, dépendant du ministère du travail, où il enchaîne les CDD renouvelables d’1 mois.

De son propre aveu il n’y a pas grand chose à faire, alors il y fait un peu de tout : du dépannage, de l’aide à la configuration et diverses tâches.

Le volume d’activité y est faible, certes, mais la qualité du réseau est bonne pour l’époque, 100 Mo/s, et il en profite donc pour se former aux technos web.

Il se forme sur PHP3, crée un serveur interne en utilisant MySQL, travaille sur Windows NT & Linux, ou encore échange sur les newsgroups où il absorbe pas mal de compétences et en partage également.

Après 1 an et demi environ, il quitte cependant son poste, refusant le statut de fonctionnaire qu’on ne lui propose que s’il reprend le chemin de la FAC pour obtenir un BAC+5.

La prise de contact avec l’open source

C’est dans une agence de communication à Boulogne que Nicolas poursuit son aventure.

Il y travaille à réaliser ce qu’il appelle « des vieux sites institutionnels pour des clients pas très drôles ».

Nicolas se lie alors d’amitié avec plusieurs employés qui partagent tous une même passion, la musique afro-caribéenne, à tel point que tous décident de créer un forum thématique parlant de celle-ci.

Il en profite pour passer de l’autre côté de la barrière et gère techniquement le forum avec, évidemment, son lot de problématiques, que ce soit en terme de performance, de montée en charge ou de modération.

Dans la foulée il décide de se spécialiser en Flash, créant déjà des jeux et des sites pour des clients, et de lancer un blog pour échanger sur ses bonnes pratiques.

Cela dit, lassé de 4 années à faire des sites vitrines, Nicolas quitte cette agence pour intégrer un cabinet de conseil en architecture technique parisien, puis Sensio pour travailler sur Symfony, le framework PHP open source.

Ces dernières expériences ayant été de vrais vecteurs de formation, de partage et d’émancipation pour Nicolas, il commence sincèrement à penser que l’open source est la voie royale, et que tous les « trucs proprio » n’ont pas d’avenir.

L’expérience chez Sensio tourne rapidement court cependant du fait de désaccords sur les choix techniques et Nicolas se décide alors à créer sa propre structure, Akei, et à travailler en freelance.

C’est ce qu’il fera pendant environ 3 ans, période durant laquelle il créera son projet open source, CasperJS, avant de finalement intégrer Mozilla, 2 expériences qui se révéleront pourtant être de belles déceptions.

Continuez la lecture en lisant la 2eme partie du portrait de Nicolas Perriault.