18 juin 2018

“Le remote est devenu une priorité” – Portrait de Denis

Il y quelque chose que je trouve génial lorsque l’on est développeur·se : c’est cette possibilité d’explorer le monde tout en faisant son job. C’est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre. En tant que dev, on a cette flexibilité. Et c’est justement le mode de vie qu’a choisi Denis depuis plusieurs années. Il vit en ce moment à Montréal, où il est développeur Ruby/Rails et va s’envoler très bientôt pour une nouvelle destination…

Voici son portrait pour en savoir plus sur ce qui l’a motivé à partir et comment il a réussi à trouver un équilibre dans sa vie professionnelle.

Eté 2013 – Une envie de changer d’air

Après une école d’ingénieur, Denis commence à travailler dans une SSII sur Paris en 2012. C’est là que l’on se rencontre et qu’on commence à partager nos envies de carrières, les meilleurs frameworks du moment et tout un tas d’autres choses. Et cette envie de flexibilité et de liberté dans notre travail est définitivement un point commun. Denis est passionné par ce qu’il fait mais il aime avoir la possibilité de travailler quand il le souhaite. Il finit par quitter cette SSII pour rejoindre une startup. Nouvelle aventure donc à Paris sur un projet naissant.

Puis un peu plus tard pendant l’été 2013, un besoin de changement se fait sentir. Paris, il en a un peu marre, il sait qu’il ne veut pas y rester toute sa vie. Alors pourquoi pas partir à l’étranger ? Un ami lui parle du VIE (volontariat international en entreprise). Il se connecte sur le site ciwiweb et commence à postuler à tout ce qui lui plaît.

Le pays ? Il s’en moque, il veut juste changer d’air, changer d’horizon voir autre chose. Jusque là, il n’a pas trop voyagé. Le plus loin qu’il est allé, c’est en Islande pour un voyage de 10 jours. Mais de sûr il ne veut pas rester en Europe.

Sa stratégie ? Dès qu’il est un peu qualifié pour une offre, il postule. Facile en fait. Au final il retient des offres en Chine, aux US et au Canada.

Le V.I.E., volontariat international en entreprise

A la question du “pourquoi as-tu choisi le VIE ?”, il m’explique que c’était purement par facilité. Dans le cas d’un VIE, on travaille pour une entreprise française qui a une antenne à l’étranger. Du coup l’entreprise gère la partie visa, aide pour le déménagement…. Le salaire est payé en Euro, l’assurance santé est maintenue. Clairement toute la partie administrative qui pourrait rebuter à un départ à l’étranger est facilité.

Côté contrat, il s’agit de contrats entre 6 mois et 24 mois, renouvelables mais avec un maximum de 24 mois en cumulé. Après plusieurs entretiens passés et un oui décroché mi-Août, Denis est embauché pour un contrat de développeur Ruby à Montréal.

Côté entretiens, ça a été plutôt facile : il a eu un premier entretien physique dans l’antenne française de la boîte, puis un second via Skype avec sa future équipe. Le seul inconvénient selon lui est que “tu ne rencontres pas physiquement toute ton équipe” avant de partir.

Le plus long dans le processus a été l’attente du visa qui n’est arrivé qu’en Décembre.

S’expatrier n’avait jamais vraiment été un but ou un rêve pour Denis. Ca s’est passé car il avait besoin d’un changement dans sa vie. Il a commencé la procédure du VIE puis tout s’est enchaîné. Pour lui c’est une grosse différence avec le PVT, où une fois le visa obtenu il a y la recherche d’emploi qui s’effectue derrière. Avec un VIE c’est le contrat d’emploi obtenu qui “fait dérouler tout le reste”.

Décembre 2013 – L’arrivée à Montréal

Et c’est donc en plein hiver qu’il pose ses valises au Québec dans le quartier du Plateau à Montréal. Inutile de vous faire un dessin, en hiver au Québec il fait très froid et il y beaucoup beaucoup de neige. Alors comme me confie Denis, “y déménager en Décembre, ce n’est pas la meilleure idée”.

Avant de partir, Denis s’était imaginé que le système canadien serait proche du système de management à l’américaine, c’est-à-dire plus centré sur l’équilibre entre la vie personnelle et le travail. Il ne s’est pas trompé en ce qui concerne sa boîte. Il m’explique que le but de son manager est clairement de faire en sorte qu’il se sente bien. N’ayant jamais visité le Canada, il avait imaginé Montréal un peu comme New York, mais en fait non pas du tout.

Des appréhensions ? Oui il en a eu quelques unes. Déjà, même si Montréal reste une ville à l’occidentale, c’était un nouveau monde pour lui. Il n’y connaissait personne et devait parler anglais tous les jours à son boulot.

L’anglais… il savait se débrouiller mais son niveau n’était pas non plus exceptionnel.

Aussi le froid et l’hiver lui ont un peu fait peur. Je n’ai jamais mis les pieds en hiver au Canada mais je me souviens d’amis m’expliquant qu’attendre un bus pendant 2 minutes en plein hiver à Montréal, c’était juste pas faisable. Seulement il y a un petit secret : les souterrains !

A Montréal, il y a de véritables rues souterraines avec magasins, restaurants… pour éviter de marcher dans le froid et la neige durant l’hiver. Puis Denis m’explique que les bus, les maisons et lieux de travail sont en fait très bien isolés. Le seul point négatif : la durée de l’hiver. Mars / Avril c’est toujours l’hiver à Montréal, il fait -5° avec des tempêtes de neiges.

Et un plan B dans le cas où ça ne lui plaît pas ? Au pire, il rentre en France. L’avantage en tant que dev c’est que “tu trouves assez facilement du travail”. Il est parti donc avec pour objectif d’essayer pendant un an, à savoir la durée de son contrat, puis de voir ce que ça donnerait.

2014 – Bilan après un an de V.I.E.

Après un an, la boîte dans laquelle Denis bossait s’est arrêtée, alors il a dû postuler pour d’autres boîtes. Côté légal, une fois le contrat fini et visa périmé, on obtient un visa touriste automatiquement. Par contre ce visa ne permet pas de travailler.

Face à cette situation, il a opté pour un PVT car il ne voulait plus avoir un visa fermé, c’est-à-dire lié à une entreprise. Il décroche alors un contrat de CTO en PVT de 2 ans et en full remote pour une startup basée en France avec une équipe dispatchée partout dans le monde (France, Afrique du Sud et Canada).

Nachi Falls, Kansai, Japon – Crédit photo Ludwine Probst

2016 – Une virée au Japon en full remote

Durant son PVT, il décide de partir quelques mois au Japon pour visiter. Il en a entendu beaucoup de belle choses et ça semble être très “dépaysant”. Il est resté surtout dans le Kansaï et a vécu à Nara où il a eu un vrai coup de coeur pour le côté très nature de la ville.

Si cette expérience lui a beaucoup plu, Denis admet que travailler depuis l’Asie n’a pas toujours été simple, notamment à cause des décalages horaires “Tu travailles plus car on te pose des questions lorsque tu n’es pas censé travailler. Du coup tu arrives à des journées qui s’étalent de 8h du matin à 21-22h”. Et puis pour pallier à l’isolement, il a privilégié les cafés pour y travailler et rencontrer un peu de monde.

2017 – Pause remote – l’envie de bosser pour une boîte locale

Après avoir été travaillé depuis Montréal pour la France pendant 2 ans, Denis a eu envie de travailler pour une boîte localisée au Canada. Côté marché de l’emploi, il y vraiment beaucoup d’offres et du choix, même s’il précise que “c’est un peu plus difficile pour des personnes vraiment junior sortant de bootcamp”.

A Montréal par exemple il y a 9% de Français. Les boîtes ont donc l’habitude de gérer les démarches pour les visas. Puis comme Denis dit “l’avantage pour nous Français, c’est que tous nos papiers sont dans la bonne langue !”. Ca paraît bête, mais au moins pas besoin de payer les traductions des diplômes et autres papiers officiels.

2018 – Bilan et nouvelles envies

Après ces années de VIE, PVT et de travail en remote depuis le Canada puis en voyageant, Denis y voit un peu plus clair sur comment il envisage son travail et son équilibre vie privée / vie professionnelle.

L’expérience du remote a été très enrichissante. Pour lui maintenant, “le remote est devenu une priorité”

Enfin quand je lui demande comment il imagine désormais sa vie de développeur, il me répond qu’il se voit “en remote 6 mois de l’année dans la ville où est sa boîte, et les autres 6 mois ailleurs”Pour lui “il y a une telle demande du côté dev que c’est possible de négocier”.

Et je ne vais pas dire le contraire. Je pense vraiment que les devs ont cette chance de se créer un poste sur mesure et concilier leur vie perso et professionnelle.

A l’automne, Denis va s’envoler de nouveau au Japon pour 6 mois tout en restant salarié de sa boîte de Montréal. Cette fois-ci il sera 6 mois en full remote.

Kanazawa – Crédit photo Ludwine Probst

Enfin si jamais vous passez par Montréal, Denis vous laisse ses bonnes adresses :