Voici la suite de notre série d’articles consacrée à Nicolas Perriault. Nous vous invitons à lire la première partie si n’est pas déjà fait.
Après plusieurs années de travail seul en tant que Freelance, Nicolas et plusieurs amis décident de monter leur propre coopérative de développeurs, Scopyleft.
Tous sont alignés sur l’envie d’un outil de travail qui leur permette de se rémunérer de façon juste et équitable, basé sur des décisions collégiales, avec une vision éthique de leur travail.
La coopérative met du temps à démarrer et quand il devient urgent de trouver un gros client, par l’intermédiaire d’un ami, Nicolas fait rentrer Mozilla qui avait alors besoin d’un développeur front end.
Travailler pour Mozilla était un rêve pour Nicolas qui croit sincèrement à la logique open source et aux fondements sur laquelle elle est basée.
Quand on lui propose un CDI chez eux, il accepte avec enthousiasme et quitte la coopérative qu’il a cofondée.
Une grosse SSII
Pour sa première mission chez Mozilla Nicolas débarque sur un projet de visio-conf intégrée dans le navigateur, baptisé Hello, utilisant du WebRTC.
Le projet sera cependant abandonné quelques mois plus tard faute d’adoption par les utilisateurs qui lui préfèrent certainement les services concurrents de Skype ou Google.
Peu importe, son équipe et lui commencent alors un nouveau projet, la Reading List, une liste de lecture open source et auto-hébergeable qui leur demandent pas moins de 6 à 8 mois de travail. Le projet est d’ailleurs toujours consultable sur Github : https://github.com/mozilla-services/readinglist
Pourtant, une semaine avant la mise en production et contre toute attente, le projet est lui aussi abandonné, pour la simple raison que Mozilla vient de racheter Pocket, un outil qui sert exactement à la même chose.
Cette décision est non seulement incompréhensible pour l’équipe mais est en plus clairement à l’opposé du manifeste Mozilla selon lui et commence sérieusement à faire douter Nicolas.
De surcroit leur travail est mis à la poubelle d’un claquement de doigts, en plus du fait que Pocket est « closed source » et ne donne aucune information sur l’endroit où sont hébergées les données.
L’avenir ne sera pas plus rose.
Au bout de 4 ans de travail chez Mozilla Nicolas n’a toujours pas la liberté de choisir ses sujets, son manager surveille son nombre de commits par mois, et les bonus sont conditionnés à la performance des employé·e·s.
Il a l’impression de se faire avaler par cette méta-structure de 1300 salarié·e·s qui, selon lui, est tout simplement devenue une grosse mais banale SSII où le développement y est industrialisé et les process peu, voire pas, consultatifs.
Le brief de départ, c’est à dire prendre un maximum d’initiatives qui servent le manifeste, n’étant absolument pas respecté d’après Nicolas, il décide de partir.
Nous sommes en 2017 et Nicolas quitte Mozilla pour intégrer une startup, Allo-Média.
La genèse de CasperJS
Quelques années avant son départ de Mozilla, une autre aventure s’est terminée également pour Nicolas, celle de CasperJS.
Il avait développé ce projet open source durant sa période de freelancing, suite à une mission peu passionnante, et surtout alimentaire, pour un gros client qui à l’époque développe un projet qui ne le fait pas rêver, un Dashboard de suivi des factures.
Pour les besoins de ce projet il doit pouvoir scraper des autorisations, et naturellement regarde du côté des solutions open source comme PhantomJS, une vieille version de WebKit qui fait le job même si l’API se révèle peu confortable à utiliser pour lui comme pour beaucoup d’utilisateur·rice·s.
Il se dit que tout cela est améliorable et commence alors à coder des scripts, crée une API dont il s’avère plutôt content, et, avec l’accord du client, met le projet en open source.
La mission se termine et le projet commence à connaître un succès grandissant, tel que le client en vient à revenir sur sa décision et envisage de récupérer le projet pour le vendre, ce qui est hors de question pour Nicolas qui refuse.
Le CDI prenant la suite de la mission ne voulant pas poursuivre ce projet, Nicolas décide de continuer le développement en solo.
Mais très rapidement la situation devient invivable.
Continuez la lecture en lisant la 3eme partie du portrait de Nicolas Perriault.