J’ai rencontré Joseph lors d’un meetup à Paris en 2014 où il faisait une présentation sur les réseaux de neurones. Très vite, il m’a parlé de son envie de vivre au Japon. Drôle de coïncidence car je venais de rentrer d’un séjour à Tokyo où j’avais rendu visite à un ami développeur chez Rakuten, l’Amazon japonais. Et de cet ami, j’avais eu des échos très très mitigés sur le métier de dev au Japon.
Si pour beaucoup le Japon évoque technologie, high tech avec des robots sophistiqués et autres gadgets, côté développement pur et méthodes de travail, le Japon peut être très traditionnel et hiérarchisé : interdiction de parler directement à son n+2, procédures longues, sites web au visuel des années 90… Testez le site hyperdia, l’équivalent de notre voyage-sncf pour vous donner une idée.
Étant de retour au Japon pour 3 mois et curieuse de savoir où en est Joseph, je le contacte, et surprise, il vit à Tokyo et travaille dans une startup.
C’est alors dans le quartier de Setagaya pas loin du célèbre “Shibuya crossing” vu dans le film Lost in Translation, que je retrouve Joseph dans un petit restaurant traditionnel pour parler de sa nouvelle vie de dev à Tokyo. 行くぞ ( Ikuzo – C’est parti !)
2014 – La naissance de l’idée
A la question pourquoi as-tu choisi de partir en particulier au Japon, Joseph a en fait peu d’explications à me donner.
Son plus proche souvenir de partir au Japon remonte à lorsqu’il était étudiant aux Mines. Son école avait alors un partenariat avec une université japonaise, et il s’était dit “Pourquoi pas ?”. C’était plus par curiosité du pays et de Tokyo, car à cette époque il n’y avait pas encore mis le pied. Finalement il décida de ne pas y aller, préférant se rendre au Japon dans un cadre où il pourrait y rester pour une longue période s’il le voulait.
2015 – Une première tentative…
Une fois son diplôme en poche, cette idée de vivre Japon lui revient, alors il décide de soumettre un sujet de thèse dans le domaine de l’intelligence artificielle à une Université japonaise. Il trouve son encadrant, se prépare pour le concours et part pour la première fois au Japon pendant 2 semaines et demi pour passer les oraux.
Ce premier séjour le conforte dans son idée de vivre un jour au Japon, même s’il est conscient ne pas avoir vu le monde de l’entreprise mais seulement les aspects touristiques.
N’étant pas retenu pour ce sujet de thèse, son doux rêve s’envole. Le Japon, ça ne sera pas pour cette année. Il commence alors une nouvelle aventure à Paris en montant une startup avec deux associés dans le domaine de la mode pour homme. Ca lui permet de peaufiner ses compétences web et mobile et puis de continuer à bosser dans l’intelligence artificielle.
L’application séduit des utilisateurs et professionnels mais la monétisation ne suit pas, alors deux ans et demi après le lancement de la startup, l’aventure s’arrête.
Été 2017 – Et si c’était le bon moment ?
Quand un projet s’arrête, s’ensuit en général la question suivante “bon et maintenant je fais quoi ?”.
Le Japon étant toujours resté dans un coin de sa tête, Joseph se dit que c’est peut-être le moment de partir. Il s’active alors à préparer son dossier pour un visa vacances-travail (PVT), qu’il trouve plus flexible qu’un VIE (volontariat international en entreprise).
Ayant lu sur des forums beaucoup de témoignages disant que le PVT n’était pas facile à obtenir, il s’applique à monter un dossier en béton. Il me dit notamment d’“éviter d’être trop optimiste” et “bien montrer qu’on sait à quoi s’attendre une fois sur place”, en précisant bien les coûts de la vie sur place et en montrant comment on compte trouver un travail. Dans son cas, facile, ce sera freelance en développement web.
Une fois son dossier accepté, il débarque à Tokyo quelques semaines après. Au final le process a été très rapide ! On est en Juillet 2017 et il a un an devant lui pour expérimenter la vie au Japon !
Ses premiers mois, Joseph les utilise pour s’acclimater, visiter et prendre ses marques à Tokyo. Pas déçu de son choix, sa vie au Japon est vraiment comme il l’avait imaginée !
Fin 2017 – Trouver un boulot à Tokyo
C’est courant Novembre qu’il commence à chercher activement un emploi sur les sites GaijinPot et daiJob dédiés aux étrangers, i.e. ne parlant pas japonais. En effet, même s’il a suivi des cours de japonais étant étudiant, son niveau reste trop basique pour prétendre à n’importe quelle offre d’emploi.
Il part dans un esprit assez ouvert sur le type d’offres qu’il recherche. La seule chose qu’il ne veut pas c’est ce côté boîte traditionnelle avec peu de flexibilité et liberté. Et ça ne semble pas être si handicapant que cela, puisqu’au bout de 10 jours il décroche une offre ! Il sera développeur web avec une casquette en intelligence artificielle pour une jeune startup montée 2 ans plus tôt par des japonais.
Son quotidien ressemble à celui qu’il pourrait avoir en France. Même si les trois quarts des employé·e·s sont japonais, la mentalité dans la startup n’est pas la mentalité japonaise traditionnelle. Quand on rentre dans les bureaux, on note quand même des petites touchent japonaises : les chaussures restent toutes à l’entrée par exemple.
Côté boulot, il travaille sur des projets divers allant d’un outil d’automatisation pour des recrutements d’étudiants au développement d’un outil d’optimisation de ramassage d’asperges (oui oui surprenant mais vrai !), ou encore sur un outil de réservations téléphonique. Le point commun de ces projets : l’automatisation en utilisant de l’IA. Il a des horaires très flexibles : il arrive tard le matin, comprendre entre 10:30 et midi, et peut rester jusqu’à 20h le soir. En gros à partir du moment où il fait ses tâches, il n’y a pas de soucis pour son boss.
2018 – Et une fois le PVT terminé ?
Comme il s’éclate et apprend beaucoup de choses dans un cadre de travail qui lui correspond bien, il a envie de prolonger cette expérience. Du coup, il est en train de voir avec son entreprise pour obtenir un visa de travail de 5 ans. De quoi lui laisser le temps d’explorer plus en profondeur le Japon et de progresser techniquement.
Au final, il est content d’avoir sauter le pas et tout s’est passé relativement sans encombres. Il avait économisé assez au cas où il ne trouve pas de job mais ses recherches ont été plutôt rapides et faciles.
En attendant si jamais vous passez par Tokyo, voici quelques adresses partagées par Joseph :
Le parc de Yoyogi, “yoyogi koen”
Le marché de Ueno, “Ameya-Yokochō”, proche du parc où vous pouvez trouver d’excellent Takoyaki (boule de poulpe).
Et pour manger des sushis, Genki Sushi et découvrir des spécialités Thai, Asia Taste.