Prendre la parole en conférence, c’est un super moyen de progresser, de partager et de rencontrer d’autres devs. Même si ça peut sembler impressionnant au début, pas besoin de viser tout de suite les grandes scènes : les meetups locaux comme les Human Talks sont parfaits pour débuter. Commence par des formats courts (lightning talks de 5 à 15 min). L’ambiance est généralement détendue, et le public bienveillant. De plus, il est assez fréquent que les orga puissent te faire répéter ta présentation avant le meetup.
Une fois à l’aise, tu peux viser plus grand : des conférences d’ampleur nationale comme Devoxx France, Paris Web, MiXiT, DevFest, BreizhCamp, etc. Pour y prendre la parole, il te suffit de proposer un sujet via un CFP (Call for Papers).
Cet article est un complément de l’épisode de notre podcast. Dans ce répondeur, tu retrouveras des conseils d’organisateur·rice·s pour t’aider à préparer votre CFP.
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Le CFP, c’est quoi déjà ?
Le Call for Papers est un appel à propositions lancé par les organisateur·rice·s d’une conférence. En clair : tu dois remplir un formulaire dans lequel tu proposes un ou plusieurs sujets, avec un titre, un résumé et quelques infos sur toi. Mais tu ne seras pas le·la seul·e à en avoir l’idée : le comité peut recevoir des dizaines (voire des centaines) de candidatures !
Du coup, comment faire pour être sélectionné·e ?
Dans cet article, on te donne quelques conseils pour maximiser tes chances d’être retenu·e à un CFP !
1. Un titre clair et accrocheur
Le titre, c’est ton premier filtre : c’est la première chose que verront le comité de sélection et les futur·e·s participant·e·s, souvent au milieu de dizaines d’autres propositions. Il doit donc être clair, explicite et accrocheur. Des centaines de personnes vont proposer un sujet. Le tien doit donc retenir l’attention ! Mais attention évite d’être drôle, mystérieux ou « malin » : un jeu de mots ou une private joke peuvent faire sourire, mais si le·a lecteur·rice ne comprend pas en une seconde de quoi tu vas parler, ta proposition a de grandes chances d’être écartée. Privilégie un titre qui annonce clairement le sujet ou la technologie.
“Le titre, c’est ce qui va apparaître dans la programmation. C’est parfois la seule chose que les personnes qui viendront à la conférence regarderont pour choisir les talks qu’elles iront voir.”
Virginie Pageaud
2. La pertinence du sujet
Les sujets retenus doivent apporter de la valeur à l’audience : retour d’expérience concret, bonnes pratiques, erreurs à éviter ou encore explication d’une technologie. Pour commencer, annonce clairement la problématique pour que chacun·e sache d’emblée ce qu’il·elle va retirer de ton intervention. Pas besoin d’être LE·LA spécialiste mondial·e du sujet : il suffit d’être un peu plus avancé·e que la moyenne du public.
« Chez les Human Talks, les talks les plus marquants viennent souvent d’expériences personnelles. Un échec, une découverte technique, un déclic humain. »
Fabien Plart
3. Un format court pour débuter
Beaucoup de conférences proposent plusieurs formats : keynote (45 min ou plus), talk classique (30–45 min), mais aussi quickies (10–15 min) ou tools-in-action (20 min). Le format influence directement ce que tu peux raconter, à quel niveau de détail, et le type d’expérience que tu offres au public.
Avant une première “grosse” conférence, un format court est souvent le meilleur choix. Il demande :
- Moins de préparation : tu peux te concentrer sur un message clé plutôt que sur un tour complet d’un sujet.
- Moins de pression : parler 15–20 minutes, c’est plus facile que tenir 45 minutes devant une grande salle.
- Plus de chances d’être sélectionné·e : les organisateur·rice·s aiment varier les formats et remplir des petits créneaux avec des sujets ciblés.
« Il faut tester sur un format court, comme au Human Talks par exemple, qui te permet d’affiner ton message, sentir ce qui fonctionne, et de gagner en aisance avant de passer à plus loin. »
Fabien Plart
Le format court est parfait pour tester un sujet, te faire connaître du comité, et prendre confiance sur scène. Une fois ce premier talk rodé, tu pourras le faire évoluer en version plus longue pour d’autres CFP.
4. Structure ta description
Ta description doit donner envie au comité et au public. Évite les teasers vagues du type “Venez découvrir un secret incroyable sur React !”. À la place, structure ton texte :
- Contexte : d’où tu pars, quel problème ou besoin tu adresses.
- Contenu : ce que tu vas expliquer ou démontrer.
- Bénéfices : ce que l’audience va en retirer (des outils, une nouvelle façon de faire, une meilleure compréhension…).
Dans ta description, tu peux aussi préciser le niveau et donner un plan simple en 3-4 parties.
« S’il y a des sujets qui sont un petit peu loin du développement web, comme la CI/CD ou autre, on va pouvoir quand même le mettre dans son agenda parce que ça peut peut-être être utile plus tard pour cette personne. »
Emmanuel Demey
5. Prépare une biographie simple et crédible
La bio est là pour donner un peu de contexte sur toi. En quelques lignes, donne les infos essentielles : qui tu es, ce que tu fais au quotidien, et pourquoi tu as envie de parler de ce sujet. L’idée, ce n’est pas de recopier ton CV, mais de montrer en quoi ton expérience te rend légitime et intéressant·e à écouter de manière concise.
Tu peux mentionner ton rôle actuel, ta stack ou ton domaine d’expertise, le type de problèmes sur lesquels tu travailles, et éventuellement une ou deux expériences marquantes (side project, contribution open source, accompagnement d’une équipe, etc.).
6. Utilise les “notes aux organisateur·rice·s”
Certains CFP proposent une section “notes aux organisateur·rice·s”. C’est un espace non public que seul le comité lit. Tu peux l’utiliser pour donner des précisions utiles :
- Si ton talk est lié à un projet open source.
- Si tu as déjà donné ce talk ailleurs (ou si c’est ta première fois).
- Si tu as déjà écrit écrit sur le sujet.
- Si tu as un besoin spécifique (matériel, etc.).
7. Ajoute des références pour rassurer le comité
Pour le comité, tu n’es pas qu’un sujet : tu es aussi un pari. Des références concrètes l’aident à se projeter et à voir que tu sais de quoi tu parles.
Dès que c’est possible, ajoute dans ton CFP (ou dans les notes aux organisateur·rice·s) des éléments comme :
- Des slides, même issues d’une présentation interne ou encore en brouillon.
- Un repo GitHub ou un projet open source lié au sujet.
- Un article de blog que tu as écrit.
- Une captation vidéo.
- Un court feedback d’une précédente présentation (meetup, talk interne, etc.).
Même si c’est ta première fois, n’hésite pas à montrer ton enthousiasme pour cette première prise de parole.
«La section des références […] n’est visible que de l’équipe d’organisation. Donc là, on va pouvoir mettre un peu plus de détails sur ce qu’on va aborder. On peut mettre le plan détaillé avec, pourquoi pas, les durées de chaque section. Des liens vers les slides si vous en avez.»
Virginie Pageaud
8. Prends ton temps
Un bon CFP ne se prépare pas la veille de la deadline. Laisser un peu de temps entre chaque relecture aide vraiment à clarifier ton message et à éviter les erreurs qui peuvent faire tiquer le comité.
- Vérifie l’orthographe : Une proposition avec des fautes donne une impression de travail bâclé, même si le sujet est bon.
- Demande un retour à un·e collègue ou ami·e : Est-ce qu’en lisant ton texte, la personne comprend vite le sujet, la cible et le bénéfice pour le public ?
- Lis ton résumé à voix haute : Si tu butes, que c’est long ou que tu perds le fil, simplifie et raccourcis. Un texte fluide à l’oral sera clair à l’écrit.
« Demandez à des personnes qui ne sont pas forcément expertes dans votre sujet ce qu’ils en pensent. Ça vous aidera à affiner la chose, à la fois en termes de rédaction, de lisibilité, mais aussi en termes d’accessibilité. »
Sylvain Wallez
9. Soumets plusieurs sujets (mais pas trop)
Tu peux proposer plusieurs sujets, mais évite de partir dans tous les sens. Si tes idées n’ont aucun lien entre elles, le comité peut avoir l’impression que tu n’as pas de domaine de prédilection ou que tu “tentes ta chance” un peu au hasard.
Mieux vaut 2 ou 3 propositions solides, cohérentes avec ton profil, bien rédigées et bien réfléchies, plutôt que 6 sujets bâclés ou superficiels.
«Si vous proposez des sujets qui sont surreprésentés, il y a un pourcentage de malchance pour lequel votre sujet ne sera pas retenu. »
Emmanuel Demey
10. En cas d’échec, accepte et demande un feedback
Même les meilleur·e·s se font recaler ! Les places sont rares, surtout dans les grandes conférences. Tu ne dois pas le prendre comme un échec personnel : ça ne veut pas dire que ton sujet était mauvais, juste qu’il y avait beaucoup de bonnes propositions. Si possible, demande un retour au comité de sélection : certains acceptent de donner des pistes d’amélioration. C’est précieux pour progresser.
Pour te donner un ordre d’idée, Devoxx France a reçu 1 141 propositions en 2024. Tous les formats n’ont pas les mêmes chances d’être retenus, selon le nombre de propositions et de créneaux disponibles. L’an dernier, par exemple, ont été acceptés environ :
- 55 % des lunch-talks
- 40 % des deep-dives
- 35 % des hands-on labs
- 25 % des tools-in-action
- 12 % des conférences
Ça peut paraître intimidant, mais une proposition refusée reste une super opportunité d’apprentissage. Tu peux revenir l’année suivante avec une idée plus aboutie, un angle mieux défini… et des chances encore meilleures d’être sélectionné·e.
Comment trouver un CFP ?
Désormais, tu es prêt·e pour ta première conférence, alors tu dois te poser la question suivante : Comment trouver un CFP ? Il y a des dizaines d’événements pour développeur·se·s organisés chaque année en France.
Plusieurs sites te permettront de retrouver les événements qui t’intéressent, par date et thématique :
Conclusion
Maintenant que tu as toutes les pistes, retours d’expérience et sites pour trouver des CFP : lance-toi !
Prends le temps de repérer les événements qui t’intéressent, de comparer les formats, les dates de clôture et les thématiques… puis choisis-en un et prépare une première proposition, même imparfaite.
Tu vas progresser au fil des soumissions : chaque CFP clarifie ton message, chaque refus t’apprend quelque chose, chaque acceptation te donne un coup de boost pour la suite. L’idée n’est pas d’être parfait·e dès le début, mais d’oser sortir du public et de passer du côté des intervenant·e·s.
Le plus difficile n’est pas d’être sélectionné·e, c’est souvent de faire ce premier pas.
Bonne chance !
Remerciements
Un immense merci à Emmanuel Demey, Virginie Pageaud, Fabien Plart, Sylvain Wallez et Etienne Delagneau que tu peux retrouver dans le dernier épisode du podcast de Human Coders, en complément de cet article !
Sources de l’article :
- https://developers.events/#/2025/list?country=France
- https://conference-hall.io/
- https://sessionize.com/
- https://www.devoxx.fr/2025/11/21/call-for-paper-2026/
- https://www.devoxx.fr/2024/11/24/devoxx-france-2025-participez-a-la-13%E1%B5%89-edition-en-soumettant-vos-propositions/
- https://www.sfeir.dev/tendances/comment-preparer-son-cfp-rencontre-avec-des-membres-du-comite-de-selection-du-devoxx-france/
- https://2024.sunny-tech.io/blog/2022-cfp-stats
- https://devfesttoulouse.fr/2025/03/18/proposer-une-conference-le-cfp/