23 avril 2018

Ce qui m’a motivé dans mon parcours d’artisan développeur

Benoit Gantaume est un Artisan Développeur. Passionné par son métier depuis 18 ans, il a encadré plusieurs équipes, jusqu’à 20 personnes, durant son parcours. Il partage aujourd’hui sa vision du développement au travers d’un blog et d’un podcast.

Sur le chantier d’une cathédrale, un maître tailleur de pierre passe en revue le chantier. Il  croise un premier tailleur de pierre et lui demande ce qu’il fait. “Je taille une pierre” lui répond-t-il. Il continue puis croise un second tailleur de pierre à qui il pose la même question. “Je construis un mur” lui répond le second. Il continue encore puis croise un troisième tailleur de pierres à qui il pose encore la même question. “Je bâtis une cathédrale” lui répond ce dernier.

Apprenti·e développeur·se

Au début de ma carrière, tel un·e apprenti·e, je cherchais avant tout une chose : que mon code marche ! Je me préoccupais rarement de l’état de l’art, de ce qu’il se passerait dans 3 mois ou de ce détail d’architecture qui m’imposerait d’avoir 4 classes là où j’aurais tout mis dans une seule. En même temps, c’était difficile de m’en vouloir : je devais trouver ma place. Prouver ma valeur. Montrer que j’étais utile en faisant quelque chose qui fonctionne. Dans cette phase, j’allongeais les lignes de code par camion. Le copier coller était mon meilleur outil de design et je ne comptais pas mes heures pour bûcher à fond : il faut dire que mes estimations n’étaient pas fiables du tout, et je rattrapais les échéances en bossant largement plus que la moyenne des stagiaires. Ce qui me passionnait à l’époque c’était de résoudre des problèmes technique denses et devenir riche.

Rien de tel qu’une bonne stack touffue et un projet ambitieux pour motiver me motiver à mes débuts. Que le café coule à flot !

Compagnon·e développeur·se

Puis j’ai commencé à prendre conscience de certains enjeux comme les notions de maintenabilité et de gestion du changement.

j’ai été amené à me poser des questions car j’ai galéré. C’est malheureusement la souffrance qui nous fait le plus bouger… J’ai alors commencé à me pencher sur des enjeux de design, sur les bonnes pratiques de mon langage et framework. Je me souviens encore de mon émotion en comprenant les design pattern… Un sorte de révélation mystique! :)

J’en faisais des caisses. Un peu trop parfois.

Donner le meilleur de moi-même prenait un autre sens. J’ai commencé à me questionner sur ce qu’était un travail bien fait. Ma manière de coder avait fortement évolué. Au point que j’ai dû gérer mon propre code Legacy… J’ai entamé un cheminement, tel le compagnon qui fait le tour de France, pour aller chercher mon inspiration chez d’autres développeurs dont je reconnaissais l’expertise.

Pour me motiver à cette période, rien de tel que me donner carte blanche pour mettre en œuvre toutes ces choses que j’étais en train d’apprendre.

Il fallait bien sûr poser un cadre qui respecte les enjeux du projet. Mais il fallait garder la bride lâche et me donner l’espace de m’exprimer, ce qu’a su bien faire mon manager de l’époque.

Maître·sse développeur·se

Au bout d’un moment, à force de m’entrainer et d’expérimenter, j’ai atteint la maîtrise de certains sujets. Pas sur tout et il me reste même beaucoup de choses à apprendre.

Mais assez pour accompagner d’autres développeur·se·s et leur transmettre mon savoir faire. Je peux d’ailleurs être à la fois expert et apprenant quand je travaille en binôme. Autant j’ai une expertise dans la conception, dans la manière de mettre en œuvre le TDD ou dans l’écriture de tests automatiques, autant je suis moins avancés que certains collègues dans la connaissance de mon langage et framework.

En tout cas, je me questionne beaucoup plus sur le sens de ce que je fais. Je suis confiant dans la valeur que j’apporte et j’ai le choix depuis longtemps. Mon problème va plutôt être de trouver un endroit qui valorise mon expertise et acceptera mes opinions marquées.

Pour motiver un·e maître·sse développeur·se, il faut avant tout s’assurer d’être en ligne sur le sens du projet. Puis lui laisser gérer les choses.

Lui faire totalement confiance, même si la confiance n’exclue pas le contrôle, bien au contraire.

J’espère que ce témoignage pourra éclairer ta lanterne et te questionner sur ton propre parcours. Par la métaphore, tu ne seras pas surpris du titre que j’utilise: Artisan Développeur. J’y retrouve une noblesse et un souci du travail bien fait qui me motivent.

Pour profiter de mon expérience et t’aider à avancer dans ton parcours de développeur·se, viens t’inscrire ici.